abstract: Dans ses Etudes galiléennes, Alexandre Koyré fit une célèbre analyse de plusieurs parties de la deuxième journée du Dialogue sur les deux plus grands systèmes du monde, dans lesquelles Galilée, par son porte-parole, Salviati, répond a plusieurs objections opposées par Simplicio au mouvement diurne de la terre. Koyré montra, et d’une façon irréprochable, que, dans ces pages, on découvre l’élaboration d’une nouvelle notion de mouvement local, envisagé comme un « état-rapport », et non plus comme un « processus », tel qu’il était conçu dans la physique d’Aristote. Il est toutefois instructif d’examiner de plus près certains points que le savant français d’origine russe ne touche pas lors de son analyse du Dialogue. Nous allons ainsi porter notre attention historique d’abord sur le modèle, par lequel Galilée (et après lui Descartes dans ses Principes), exposent la nouvelle notion de mouvement local , à savoir celui d’un navire en navigation, et nous allons ensuite regarder de plus près les répliques de Simplicio à Saviati, dans lesquelles l’ « aristotélicien » rappelle entre autres une distinction scolastique entre le « motus (localis) per se » et le « motus (localis) per accidens ». Nous allons ainsi préciser, à propos du concept de mouvement local, les rapports entre la philosophie de la nature de la fin du XVIe et du commencement du XVIIe siècles et la nouvelle science.